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C'est, malheureusement, le lot quotidien de certains « nouveaux philosophes » et de cadres qui, pris au piège de la dénonciation des partis uniques, sont devenus les meilleurs alliés de ceux qui théorisent sur une incapacité des pays indépendants à se développer. Si ce mouvement se poursuit, il sera de plus en plus difficile de trouver, dans les différentes oeuvres, une pensée susceptible de donner aux jeunes un amour de leur pays.

 

Loin de faire l'éloge des dictatures, ou des partis uniques, il serait utile de leur faire comprendre pourquoi ces systèmes sont apparus et aussi les probabilités qu'ils ont de réapparaître ou de se camoufler sous d'autres formes. En un mot, il serait utile de comprendre comment les fils se sont détournés des pères fondateurs et, pour ce faire, de comprendre leur propre histoire et non de la dénigrer. Mais cela risque de n'être pas commercial...

 

La pensée politique, partie essentielle de la pensée humaine, doit, comme telle, s'élever insensiblement de l'entendement des choses vers leur intelligence empirique pour devenir enfin spéculative[1]. Le déficit culturel dans ce domaine est devenu tel que, de plus en plus, il faudra impérativement renouer les fils de la pensée nationaliste, non pas par dogmatisme, mais par souci d'identité culturelle et de sauvegarde de celle-ci. Les repères s'estompent tellement dans un monde en voie de recomposition que même les nations qui ont trouvé, depuis longtemps, leur vérité essentielle, revendiquent le droit à l'exception cultuelle devant la montée de l'uniformisation au profit d'une culture dominante.

 

Car, si les dictatures, dans les pays en développement, ont leur part de responsabilité, celle des intellectuels et des cadres n'en demeure pas moins, non tant par manque de courage - ils ont montré à maintes reprises, en payant de leur vie, qu'ils en avaient beaucoup ‑ mais parce que, en se concentrant sur une seule cible, ils ont fini par stériliser leur propre pensée.

 

Après la dénonciation des systèmes nés des indépendances, l'on assiste à présent à une frénésie d'économisme comme si la nature humaine pouvait se réduire à des statistiques. La parole et l'écrit libérateur et responsable ont été complexés par des erreurs qui, tout compte fait, quand on les compare à celles de certaines puissances, sont minimes. Si Malek Haddad faisait dire à l'un de ses héros qu'il écrivait parce qu'il ne savait plus parler, que pourrait‑il lui faire dire aujourd'hui ?

 

Le flou est partout et il n'y a plus de repères. Que le nationalisme algérien ait pu communiquer avec l'opinion française c'est aussi parce qu'il fut une source d'inspiration et d'enrichissement d'une pensée universelle. Le résultat est que chacun cherche sa voie, alors que depuis longtemps les chemins ont été tracés. Le résultat fut aussi de créer le doute sur la justesse des vues issues des pensées de libération en les rendant responsables des faillites économiques.

 



[1  ] Ibn Khaldoun 

Tag(s) : #reflexions
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