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Un intellectuel africain Djibo Bakari intitula un livre paru au début des années 80"silence on décolonise".
En effet on es en droit de s'interroger sur la richesse des productions littéraires, qui se succèdent sur une période de moins de quinze ans, contrastant avec le silence relatif qui a suivi les indépendances particulièrement sur le continent africain.

 

Les années écoulées, ont abouti à une impasse de cette pensée et même à une certaine régression, car l'opacité du rapport au système international est devenue telle que ce qui a été remis en cause ne l'est plus et que certains en sont arrivés à penser même que l'état de colonisation avait du bon !

Cette opinion étant confortée par le bilan des indépendances qui, il faut le reconnaître, laisse la plupart des anciens pays colonisés aussi pauvres et pour certains pays, « plus pauvres qu'il y a un peu plus de trente ans ». L'érosion des souverainetés et la dépendance économique et financière sont l'expression de cette régression.

 

Les causes de cette situation résident dans les relations économiques internationales certes, et surtout dans la corruption et les formes dictatoriales de gouvernement, mais aussi et pour une grande part dans la régression du processus de pensée autonome susceptible d'introduire et de préparer l'action. Les censures des pays indépendants onteu raison de ces pensées réduites pour un grand nombre au silence; qui est, pour l'intellectuel, l'équivalent de l'exil. Ce que la colonisation n'avait pas réussi à étouffer a pu l'être par la décolonisation!

 

En effet, les élites détentrices des centres de décisions, et celles qui auraient pu contribuer au développement de la pensée pour poursuivre la dynamique de prise en charge des aspirations populaires, se sont figées dans la glu du pouvoir.

 En Algérie, la majorité des grands écrivains de la période précédente n'ont pratiquement pas écrit après 1962. Leur création se concentra entièrement, comme un éclair fulgurant  dans le phénomène extraordinaire de la renaissance d'une nation.

 Ainsi, après avoir ébranlé l'ordre colonial et même donné au monde matière à réflexions et à débats, notamment dans les années soixante, l'entendement de l'ordre des choses qui devait donner naissance à de nouveaux concepts capables de rénover les rapports au sein de la nation et avec les pays riches s'est complètement perdu en chemin. L'on a fini par laisser l'eau se perdre dans le sable.

 

Tous les efforts, individuels ou collectifs, se sont heurtés à un mur d'incompréhension ou d'adhésion apparente mais sans conviction. Cet état d'esprit relève d'une sorte de soumission à une fatalité déguisée en réalisme. C'est, en vérité, l'aveu d'incompétence et, plus grave encore, celui de l'incapacité des élites à poursuivre cet effort de réflexion et d'entendement des choses que leurs aînés avaient commencé avec courage.

 

Pire encore, les systèmes ont fait main basse sur toute pensée autonome et sur toute recherche de solution, de peur de voir remettre en cause leur pouvoir.

Outre les faillites économiques, ce que l'on peut reprocher aux appareils en place, au cours de ces décennies, c'est d'avoir stérilisé non seulement les énergies, mais aussi les efforts d'enrichissement de la pensée.

Le complot (car il s'agit bien de cela) consistait à décourager les élites intellectuelles, dans tous les domaines de la pensée, dans la poursuite de cet effort de réflexion. Celles-ci ont fini par confondre les aspirations des mouvements de libération avec le spectacle désolant offert par les échecs en série du tiers-monde et de certains pouvoirs corrompus.

En Afrique, le désespoir qui s'est alors emparé certains poètes, écrivains, cinéastes, économistes, et autres hommes de culture, les a conduit à dénigrer les valeurs qui, pourtant,  ont fait ce qu'ils sont.

Alors, le bébé a été jeté avec l'eau du bain et le succès littéraire est devenu strictement proportionnel à l'ampleur du dénigrement et surtout à la remise en cause des indépendances.

Tag(s) : #reflexions
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