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La droite et l'anticolonialisme

 

Un mouvement de pensée pose la question: dans quelle mesure ce qui subsiste de l'empire français est rentable. Raymond Cartier développe ce thème dans une série d'articles parus dans la revue « Paris Match » d'août à septembre 1956. Il se demande ce que valent les colonies ; ce qu'elles coûtent et ce qu'elles rapportent. « Cette Afrique est comme le reste, dit‑il ; un bilan ». La colonisation est une charge et si « la France sème ses milliards, les Africains répondent, c'est trop tard ! » Pour ce mouvement de pensée, mieux vaut garder son argent que de l'investir en Afrique. « Le cartiérisme » alimentera par la suite la critique de la coopération avec le tiers‑monde.

 

Toujours selon la même logique, mais avec d'autres arguments, l'anticolonialisme de droite, avec Raymond Aron, en 1957, (La tragédie algérienne et la grandeur française )demande de choisir entre l'intégration ou l'indépendance. Mais de toute façon, la continuation de la guerre est dangereuse, car elle menace la stabilité du régime et l'unité nationale. Elle compromet l'équilibre économique et financier de la France et l'isole sur le plan diplomatique. Raymond Aron semble se ranger à l'idée d'indépendance de l'Algérie car, en nationaliste, il estime que « de l'Algérie ne dépend ni la richesse, ni l'avenir, ni la grandeur de la France ». On retrouve là les trois piliers de la colonisation explicités par J. Ferry.

 

Certains hommes à gauche, développeront des thèmes semblables. Il en fut ainsi de M. François Mitterrand qui, défendant la politique tunisienne de Mendés France," estime que la décolonisation fait partie des missions traditionnelles de la France, comme dans le cas de la Tunisie. J. Ferry avait, décidément tout prévu, puisqu'il justifiait pour les mêmes raisons la colonisation. M. Alain Savary dans « nationalisme algérien et grandeur française » recommandera la négociation au nom des intérêts bien compris de la France.

 

L'on peut donc caractériser ce mouvement comme celui qui se préoccupe de la grandeur française et de ses intérêts matériels compromis par la poursuite de la colonisation qui est "une charge",ce qui veut dire que la guerre est aussi une charge et qu'il est impossible de mener sur plusieurs fronts ou foyers dans les colonies.

 

L'Eglise et l'opinion catholique

 

Le débat a touché ces milieux. Les promoteurs furent certains prélats comme le cardinal Gerlier ou la mission de France. L'acceptation de l'indépendance est justifiée par des considérations tant immédiates que morales. Il est nécessaire, estiment‑ils, de dissocier les intérêts de la foi et ceux des États coloniaux. Il ne faut pas compromettre l'Église et la contraindre à partir avec le colonisateur. Une telle position s'est accompagnée d'un début de décolonisation de l'Église en Afrique

 

Des efforts sont faits pour enraciner des églises locales en Afrique. L'Église, pour des raisons morales met l'accent sur une meilleure organisation de l'ordre international. Dans cet ordre international nouveau, et plus humain, dû à la libération des peuples colonisés, la coopération sera nécessaire car les peuples ont une obligation de solidarité.

Tag(s) : #reflexions
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