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Cet article est paru dans la revue L'écologiste n°17, décembre 2006. C'est une sorte de manifeste contre les effets de la consommation des ménages sur l'environnement. Sous la forme de réponses à ka question "quand j'achéte je nuis" sont détaillées les différentes consommation qui font les caractéristiques du développement et de la croissance des pays développés

Bonne lecture !

Il faut se rendre à l'évidence : quand j'achète, je nuis.

Même si je vais au supermarché à pied, les produits que j'achète sont arrivés en camion. On dit que les ménages ne sont que pour un tiers responsable du réchauffement climatique. Or les industries travaillent pour moi et les routiers roulent pour moi. Les ménages sont donc responsables de la totalité de la pollution engendrée, de la nature bétonnée ou goudronnée, des arbres coupés... Il faut se rendre à l'évidence : quand j'achète, je nuis et je fais nuire. Quand j'achète, je crée des emplois, ce qui permet aux employés d'acheter aussi, donc de nuire à leur tour.

Il faut se rendre à l'évidence : les effets de ma nuisance se rapprochent dangereusement. Dans ma jeunesse, en achetant, je ne nuisais qu'aux peuples du Sud, en les privant de leurs meilleures terres utilisées pour me fournir en coton, chocolat, thé, café, minerais, bois d'oeuvre... Plus tard, mes achats se sont mis à nuire à mes enfants, en les privant de ressources naturelles que ma consommation va épuiser. Maintenant, je me nuis à moi-même (canicule, pollution, prix du pétrole...).

Je vais peut-être me décider à faire quelque chose. S'il n'est pas déjà trop tard. Car on ne connaît pas le seuil de réversibilité du phénomène, qui pourrait bien s'être déjà emballé, vu son accélération incroyable ces dernières années. La planète Vénus, qui a eu une atmosphère semblable à la nôtre, est passé rapidement, pour une raison inconnue (trop de bagnoles ?), à une atmosphère de CO2. L'effet de serre induit a fait monter la température à plus de 400°C et la pression atmosphérique à une centaine de bars, avec disparition d'oxygène piégé par le carbone. Allons-nous mourir grillés, étouffés ou écrasés ? Sans doute un peu de chaque, peu à peu. Lente agonie. Comme ces gens du tiers-monde qui mettent des années à mourir de faim.

Suis-je un criminel quand je roule ? Déjà la pollution tue 20 000 personnes en France chaque année et entraîne des milliers d'heures d'assistance respiratoire.  Nous sommes 60 millions à nous dire que ce n'est pas le peu de pollution que je provoque qui aggravera la situation. Et pourtant tout le monde fait comme si tout allait s'arranger. « Ils trouveront bien une solution ». Le « ils » magique du citoyen-enfant d'une démocratie adulte. Or le temps qui se passe entre une découverte scientifique et sa mise sur le marché est sans doute supérieur au seuil de réversibilité.

Quand j'achète local, je nuis moins. Mais l'agriculture locale consiste aussi à transformer des hydrocarbures (pétrole) en hydrates de carbone  (biomasse). Et pour que les résultats se ressentent, il faudrait que je renonce au chocolat, au thé, au café même « équitable », au coton, au pétrole...

Faut pas rêver ! D'ailleurs, si on se mettait tous à n'acheter que des produits locaux, toutes choses égales par ailleurs, il n'y aurait pas assez de terres :… Il faudrait trois planètes pour que tout le monde puisse vivre comme nous.

Quand j'achète moins, je nuis moins. Et je me donne bonne conscience. Mais je ne fais que retarder les échéances. Les partisans de la décroissance sont loin de décroître suffisamment : il faut arriver à 80 % de moins sous nos latitudes, donc taper dans le nécessaire, pas seulement dans le superflu ! Comment fait-on ?

Quand je récupère, j'évite de nuire. Mais je récupère ce que les autres ont acheté. S'ils s'arrêtent aussi, je suis cuit. Mais je suis cuit aussi (au sens propre et au sens figuré) s'ils ne s'arrêtent pas, en subissant leurs nuisances. On ne s'en sortira que tous ensemble.

Il faut se rendre à l'évidence : quand j'autoproduis, je cesse de nuire. J'ai mon empreinte écologique sous les yeux, et si je nuis, je me corrige. Je mesure précisément le rapport entre l'effort que je fais etg le bénéfice que j'en tire. Je m'autolimite spontanément. On va me dire que l'autoproduction est une utopie. Continuer à acheter aussi. Un peu d'imagination, que diable ! Si quelqu'un connaît une autre solution, qu'il me la propose. J'adopte

Tag(s) : #reflexions
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