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 « Que de courage il faut, chez nous, pour être femme »[1]. Celles-ci l'ont effectivement montré tant dans leur participation au combat pour l'Indépendance que dans une patiente mais constante remontée dans la vie économique et sociale. C’est là le meilleur indicateur de progrès social.

 

Quelques chiffres :

 

Ce progrès, véritable rupture avec le passé, fut, d’abord, qualitativement plus grand pour elles que pour les hommes. Cette rupture s'est exprimée dans la scolarisation qui, tout en étant plus faible que pour les garçons (73% contre 85%) fut un progrès considérable. Cette scolarisation s'est en outre effectuée dans une mixité à tous les niveaux.

 

La rupture, c'est d’abord la femme au travail, dans le cadre d'un droit du travail progressiste et protecteur. Dans ce domaine, le droit du travail en Algérie est exemplaire. L'emploi salarié féminin a évolué de 1966 à 1987 de 94 511 à 365 094[2]. Le taux d'activité pour les hommes est de 43% et pour les femmes de 4,7%. Mais elles sont plus diplômées que les hommes, 2,10% des femmes occupées ont un diplôme supérieur contre 0,52% pour les hommes. 30,4% d'entre elles exercent une profession libérale ou scientifique contre 5,8% pour les hommes.

 

Elles travaillent en majorité dans le secteur public pour 85,9% d'entre elles et dans les principales catégories de cadres moyens (12% de l'emploi féminin),  d'enseignantes  (25 %) d'employés, (24,7%)[3].

 

Les risques de régression


Les armes de l'émancipation de la femme sont dans la scolarisation et l'emploi. Ces deux facteurs doivent faire l'objet d'une attention permanente et en particulier rattraper les écarts constatés tant au niveau national que local.

La dynamique dont elles ont été artisanes fait que les femmes sont, dorénavant, un élément stratégique de toute lutte politique car, plus que toute autre catégorie de la population, elles tiennent à conserver les dividendes de la modernité et du progrès. Elles constituent le moteur principal de l'activité économique et probablement le futur point d'ancrage humain de tout progrès. Leur contribution peut être améliorée ou retardée en fonction des choix que fera le pouvoir. Mais l'enjeu est de taille.

 

Si l'on admet leur rôle stratégique et que l'on reconnaît la place économique qu'elles occupent actuellement, il est impossible de négliger le poids des programmes qui pourraient leur être consacrés. Pour l'instant, il n'en existe pas qui leur soient spécifiques car, par un élan généreux mais peu réaliste, les décideurs ont appliqué le principe de l'égalité dans l'accès au travail. Cela fut relativement vrai dans la phase accélérée du développement.

 

La transition doit pouvoir engager un processus moderne d'émancipation progressif de la femme fondé sur sa protection juridique, son droit à l'exercice d'activités professionnelles, et son droit à l'éducation et à la santé, imposés par la scolarisation. Sinon comment justifier économiquement de telles dépenses de formation professionnelle ?

 

La probable récession des activités du secteur public risque beaucoup plus que tout autre facteur de remettre en cause cette dynamique. Il est hautement souhaitable pour éviter la régression sociale et la marginalisation de créer des relais à l'emploi dans le secteur public.

 

Pour ce faire, les femmes devraient bénéficier de mesures d'encouragement et de programmes spécifiques, sous forme de financement et d'appui à la vie associative et coopérative, développement d'institutions financières qui leur seraient propres. De même que serait efficace, toute action associative en matière de conseil et d'éducation ménagère et familiale. Comme il serait utile de prévoir à l'instar de l'emploi des jeunes, des dispositions incitatives aux entreprises privées pour l’emploi des femmes. Les statistiques sont éloquentes : le secteur privé ne semble pas leur être ouvert, en tant que salariées.

 

Une responsabilité économique plus grande des femmes est le plus sûr moyen de contribuer à l'espacement des naissances et à une meilleure santé des enfants.

 

Que l'on entende bien ; il ne s'agit pas, encore une fois, de demander à l'État d'être le dispensateur de subsides et d'agir à la place des intéressées pour leur plus grand bien ! Ce qui est en cause c'est le cadre juridique, l'environnement social et politique qui permettra l'épanouissement de ces initiatives venant de la population féminine.

 



[1] Kateb Yacine in Alger républicain n° 10 Décembre 1989.

 

[2] Chiffres extraits de diverses Publication de l'Office National de la Statistique sur l'emploi.

 

[3]  Sources, Office National de la Statistique

Tag(s) : #reflexions
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