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Le pouvoir ne suffit pas pour accorder à une partie prenante une priorité élevée. La légitimité est requise pour lui conférer une autorité. L’urgence est nécessaire pour la mise en œuvre. La partie prenante doit être aussi consciente de son pouvoir  et désireuse de l’exercer. D’autre part tous ces attributs sont transitoires, ils peuvent être acquis aussi bien que perdus. Le nombre d’attributs détenus par une partie prenante déterminera le degré de priorité que le management lui donnera.

Cette théorie s’inscrit dans le foisonnement des théories des contrats qui constitue la théorie économique actuelle où l’unicité de la théorie des marchés est bel et bien rompue.

Nous pouvons rapprocher ce rapide examen de la théorie des parties prenantes de la pensée de François Perroux sur l’équilibre économique et l’interdépendance des acteurs qui la préfigurait. Les managers socialement responsables décident et agissent non pas dans une économie où l’équilibre est atteint à travers des forces neutres du système de prix sur un marché pur et parfait, mais dans un environnement où l’équilibre entre les parties prenantes de l’entreprise est atteint à travers des rapports asymétriques de pouvoir entre elles, dissemblables et inégaux s’inscrivant  dans des relations de conflit-coopération.

Avec la stakeholder theory, intégrer le développement durable dans la formulation et l’implémentation d’une stratégie d’entreprise conduit à prendre en compte la perspective de la théorie de la domination de François Perroux en s’intéressant aux jeux de pouvoir entre les entreprises et leurs parties prenantes et plus particulièrement à la question des firmes dominantes et des économies nationales dominantes.

Pour cela, Perroux a défini le concept d’unités actives simples ou complexes qui forment un réseau de régulations et d’équilibrations. Ces unités actives sont autant de parties prenantes qui intéressent l’entreprise s’inscrivant dans une démarche de développement durable.

Elles comportent en particulier des pôles de croissance qui ont la capacité d’entraîner la croissance d’autres parties prenantes autour d’une dimension économique, sociale ou environnementale ; des pôles de développement qui sont des ensembles ayant la capacité d’engendrer une dialectique entre des structures économiques et sociales dont l’effet serait d’augmenter la complexité de l’ensemble et de développer ses performances autour de plusieurs dimensions du développement durable. Le lien entre la domination et les pôles de croissance ou de développement est fait, selon Perroux, par l’industrie motrice. Parce que certaines unités exercent un effet asymétrique sur d’autres, certaines disposent de capacité à se développer et à entraîner la croissance des autres. Par exemple, en matière de protection de l’environnement ou d’éthique sociale, les grandes entreprises transnationales jouent par le biais de leur cahier des charges un rôle important en tant que donneurs d’ordre vis-à-vis de leurs fournisseurs mais également des États dans 8 lesquels elles sont présentes. Elles peuvent ainsi induire la construction d’écoles dans des régions qui faisaient appel jusqu’alors au travail des enfants, elles peuvent promouvoir des modes de production plus respectueux de l’environnement en imposant des normes sur les matières premières utilisées et les déchets rejetés.

Perroux permet de mieux comprendre la dimension stratégique de la RSE en mettant en évidence les multiples réseaux dans lesquels les entreprises sont insérées mais aussi en soulignant l’importance du projet de l’entrepreneur qui permet un découplage par rapport aux réseaux existants et le tissage de nouveaux liens de coopération/compétition autour d’enjeux de développement durable pour lesquels des innovations techniques peuvent être introduites. Cette grille de lecture peut également être adoptée pour mieux comprendre le développement de symbioses industrielles sur certains territoires. Ainsi à Kalundborg au Danemark, les entrepreneurs locaux, en découvrant que les sous-produits des uns pouvaient servir de matière première aux autres et  permettaient d’économiser énergie et ressources naturelles, ont réalisé un modèle des plus aboutis d’écologie industrielle au service du développement durable de leur territoire 4.

 

En poursuivant aujourd’hui la pensée de François Perroux, l’économie apparaît comme un ensemble structuré de parties prenantes qui, avec l’entreprise, forment des sous-ensembles structurés, tels que des filières industrielles ou des pôles de compétitivité.  Ces sous-ensembles structurés rentrent en dialectique les uns avec les autres ; c’est le moteur du développement au-delà de la croissance. Dans cette méso-économie qui fut le centre des recherches  de François Perroux, il existe entre les sous ensembles, comme entre les éléments, les individus, des relations puissamment asymétriques et irréversibles durant une période déterminée. Les opérations réalisées entre les parties prenantes de l’entreprise qui se traduisent par des échanges d’information et d’énergie sont donc inégalitaires.

« Il arrive le plus souvent que la firme dominante et l’économie nationale procurent à leurs partenaires un ensemble compliqué de gains et de pertes, d’avantages matériels et de restrictions de libertés, de satisfactions sous le rapport de la puissance effective et du prestige et d’insatisfaction sous les mêmes rapports. Le bilan pour une firme, pour un groupe de firme, pour une classe, pour une nation n’est pas simple ; le plus souvent il n’est pas incontestable.

Ces constatations dictées par l’observation scientifique ne découlent pas plus d’un jugement moral qu’elles n’y conduisent. Elles sont imposées à quiconque regarde le déroulement de l’histoire au lieu de le reconstituer sous l’éclairage dérisoire de l’idéologie égalitaire. La fraternité s’est révélée possible dans l’inégalité ; le progrès économique se manifeste dans et par l’inégalité. » [Perroux, 1960, p. 70]

 Le pouvoir ne suffit pas pour accorder à une partie prenante une priorité élevée. La légitimité est requise pour lui conférer une autorité. L’urgence est nécessaire pour la mise en œuvre. La partie prenante doit être aussi consciente de son pouvoir  et désireuse de l’exercer. D’autre part tous ces attributs sont transitoires, ils peuvent être acquis aussi bien que perdus. Le nombre d’attributs détenus par une partie prenante déterminera le degré de priorité que le management lui donnera.

Cette théorie s’inscrit dans le foisonnement des théories des contrats qui constitue la théorie économique actuelle où l’unicité de la théorie des marchés est bel et bien rompue. Nous pouvons rapprocher ce rapide examen de la théorie des parties prenantes de la pensée de François Perroux sur l’équilibre économique et l’interdépendance des acteurs qui la préfigurait.

Les managers socialement responsables décident et agissent non pas dans une économie où l’équilibre est atteint à travers des forces neutres du système de prix sur un marché pur et parfait, mais dans un environnement où l’équilibre entre les parties prenantes de l’entreprise est atteint à travers des rapports asymétriques de pouvoir entre elles, dissemblables et inégaux s’inscrivant  dans des relations de conflit-coopération.

  Avec la stakeholder theory, intégrer le développement durable dans la formulation et l’implémentation d’une stratégie d’entreprise conduit à prendre en compte la perspective de la théorie de la domination de François Perroux en s’intéressant aux jeux de pouvoir entre les entreprises et leurs parties prenantes et plus particulièrement à la question des firmes dominantes et des économies nationales dominantes.

Pour cela, Perroux a défini le concept d’unités actives simples ou complexes qui forment un réseau de régulations et d’équilibrations. Ces unités actives sont autant de parties prenantes qui intéressent l’entreprise s’inscrivant dans une démarche de développement durable. Elles comportent en particulier des pôles de croissance qui ont la capacité d’entraîner la croissance d’autres parties prenantes autour d’une dimension économique, sociale ou environnementale ; des pôles de développement qui sont des ensembles ayant la capacité d’engendrer une dialectique entre des structures économiques et sociales dont l’effet serait d’augmenter la complexité de l’ensemble et de développer ses performances autour de plusieurs dimensions du développement durable. Le lien entre la domination et les pôles de croissance ou de développement est fait, selon Perroux, par l’industrie motrice. Parce que certaines unités exercent un effet asymétrique sur d’autres, certaines disposent de capacité à se développer et à entraîner la croissance des autres. Par exemple, en matière de protection de l’environnement ou d’éthique sociale, les grandes entreprises transnationales jouent par le biais de leur cahier des charges un rôle important en tant que donneurs d’ordre vis-à-vis de leurs fournisseurs mais également des États dans 8 lesquels elles sont présentes. Elles peuvent ainsi induire la construction d’écoles dans des régions qui faisaient appel jusqu’alors au travail des enfants, elles peuvent promouvoir des modes de production plus respectueux de l’environnement en imposant des normes sur les matières premières utilisées et les déchets rejetés.

Perroux permet de mieux comprendre la dimension stratégique de la RSE en mettant en évidence les multiples réseaux dans lesquels les entreprises sont insérées mais aussi en soulignant l’importance du projet de l’entrepreneur qui permet un découplage par rapport aux réseaux existants et le tissage de nouveaux liens de coopération/compétition autour d’enjeux de développement durable pour lesquels des innovations techniques peuvent être introduites. Cette grille de lecture peut également être adoptée pour mieux comprendre le développement de symbioses industrielles sur certains territoires. Ainsi à Kalundborg au Danemark, les entrepreneurs locaux, en découvrant que les sous-produits des uns pouvaient servir de matière première aux autres et  permettaient d’économiser énergie et ressources naturelles, ont réalisé un modèle des plus aboutis d’écologie industrielle au service du développement durable de leur territoire 4.

Tag(s) : #reflexions
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