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Les pays du tiers-monde sont confrontés à trois principaux types de protectionnisme de la part des pays industrialisés. Ceux concernant la science et la technique, ceux concernant les produits et le capital, ceux enfin concernant leur main-d’œuvre.

 

Ceci est dû, en grande partie, à l'application des programmes d'ajustement structurel qui ont libéralisé les marchés nationaux des pays en développement et qui ont toléré, parallèlement, la fermeture des marchés internationaux. Le principe de la libre concurrence ne s'applique qu'aux marchés nationaux des pays du tiers-monde sous ajustement structurel.

 

Mais lorsque ces pays ont voulu améliorer leurs recettes d'exportation ils se sont heurtés au problème du libre accès aux technologies susceptibles d'améliorer leur position concurrentielle. Par ailleurs, les coûts qui sont liés à ces technologies font que ces pays sont condamnés à exporter des matières premières qui incorporent de moins en moins de valeur ajoutée. La seule alternative pour moderniser la production et la valorisation de ces matières premières passe par l'association avec des firmes étrangères détentrices de ces technologies.

 

Les leçons des années 70 ont été tirées par ces firmes. C'est par la science et la technique qu'elles détiennent, qu'elles rendent les nationalisations de cette période caduques et qu'elles se font une énième fois indemniser. Les conséquences de ces difficultés d'accès aux technologies font que: « Pour obtenir le même revenu qu'auparavant, les Africains doivent doubler voir tripler le volume de leurs exportations ». En termes réels, les cours des produits de base se situent à la moitié de leur niveau moyen de 1979/81.

 

L'avantage comparatif lié en particulier à l'utilisation extensif de la main-d’œuvre, a trouvé une riposte dans les mesures d'ordre non tarifaires. De même que les barrières tarifaires ont littéralement tué toute velléité de transformation des matières premières sur place en vue de leur exportation.

 

Ces barrières commerciales touchent principalement les produits pour lesquels les pays pauvres ont un avantage comparatif. Quant aux produits agricoles les subventions accordées par les pays riches sont telles qu'il est plus avantageux d'importer du blé que de cultiver le mil. L’Europe ne dépense‑t‑elle pas 20 milliards de dollars par an pour stocker ses surplus ?

 

A titre d'exemple, il est possible d'exporter le cacao, mais il est suicidaire de le transformer en chocolat avant exportation ! L'exportation du cacao qui pouvait espérer un redressement des cours en 1992 s’est retrouvée confrontée à la baisse de la demande de 83.000 tonne en provenance de l'ex‑Union Soviétique. Cette même reprise des cours ne profitera pas à un pays comme le Nigeria qui, selon le cycle en forme de toile d'araignée, a réduit de 40 % sa production en 1992.

 

Concernant la main-d’œuvre qui, selon la loi de l'offre et de la demande, devrait bénéficier d'un avantage comparatif évident pour les pays du tiers-monde, la réglementation est telle que la liberté de circulation des hommes sur la planète est un luxe réservé aux citoyens des pays riches qui peuvent aller travailler ou bon leur semble. Les réglementations sur l'émigration outre qu'elles vont à l'encontre de cette liberté sont, en outre, une autre forme de « hold‑up ». Peuvent en effet émigrer ceux qui ont une haute qualification ou des capitaux.

 

Hold‑up des cerveaux, hold‑up sur les maigres ressources accumulées par certains ! Mais comme cette catégorie de population, une fois partie, ne transfère pas d'économies vers son pays d'origine, cette nouvelle émigration appauvrie d'autant le flux traditionnel qu'entretenait l'émigration non qualifiée.

 

L'ensemble des restrictions au libre mouvement des hommes, de la technique et des capitaux sur le marché international, ce protectionnisme, selon les évaluation des experts du PNUD, coûte annuellement 500 milliards de dollars aux pays en développement. N'est‑ce pas suffisant pour demander « l'exception économique et social »  pour les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.

 

La doctrine « du compter sur soi », dans ces conditions, risque d'être l'alibi pour un flux de ressources nettes pour les pays riches. En outre les sacrifices demandés aux populations ne peuvent être justifiés au regard du volume ainsi transféré.

 

Il sera de plus en plus dangereux pour la paix sociale de poursuivre des programmes d'austérité qui, quoique l'on fasse et quelque soit les bonnes volontés appauvrissent d'abord les plus pauvres et font régresser les classes moyennes sans en créer de nouvelles. Ce qui pousse à obtenir des partenaires au développement une libéralisation équivalente des marchés mondiaux, une exception commerciale pour les pays en développement et une plus grande solidarité internationale.

 

Pour l'instant, le moins que l'on puisse dire est que : « Les pays en développement ne participent pas aux marchés sur un pied d'égalité et ils n'en retirent pas les mêmes avantages que leurs partenaires »Tout se passe comme si l’on acquiert un terminal informatique qui ne fonctionnerait que pour  l'extérieur?

 

Les politiques d'austérité, certes justifiées par la gabegie, la mauvaise gestion et la corruption des gouvernements et de leurs services, ne semblent pour l'instant, dans les pays du tiers-monde, s'appuyer que sur les catégories sociales les plus démunies et sur l'appauvrissement des classes moyennes. Elles ont par ailleurs privilégié le remboursement d, la dette au détriment de la relance économique. Les programmes d'ajustements structurels ne comportent que des facilités financières destinées à couvrir les dépenses courantes, celles de la balance des paiements et le prix de fermetures d'activités. Rares sont les moyens financiers mobilisés parallèlement et aux mêmes conditions pour la relance économique.

Les déclarations en faveur du secteur privé sont rarement accompagnées de mesures financières adaptées à l'émergence d'un secteur privé. Quant aux mesures destinées à favoriser le climat des affaires, dans la plupart des cas elles consistent à faire lever les protections des produits nationaux au profit des produits d'importation.

 

Il est temps de relancer le débat pour un développement moins inégal et pour que la libéralisation de l'économie ne soit pas seulement pour l'exportation des produits et services des pays riches. Les politiques d'austérité qui jusqu'à présent ont été acceptées par les populations du tiers-monde ne tiendront pas longtemps devant l'injustice de cet appauvrissement des plus pauvres  et le protectionnisme aggravé des marchés mondiaux. Il est encore temps que le monde prenne conscience que, bientôt, la solidarité humaine ne se satisfera plus de mission d'aide humanitaire spectaculaire. Et ainsi va le monde ! jusqu’à quand ?.

Mr Gehbray Berhane. SG des pays du groupe ACP.

 

Tag(s) : #reflexions
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