La bureaucratie est la république prêtre …
La bureaucratie s’identifie à la fin ultime de l’Etat. Faisant des buts « formels » son contenu elle entre partout en conflit avec les buts « réels » ce qui l’oblige à faire passer la forme pour le contenu et le contenu pour la forme. Les fins de l’Etat se changent en fins des bureaux et les fins des bureaux en fins de l’Etat.
La bureaucratie est un cercle d’où personne ne peut s’échapper. Sa hiérarchie est une hiérarchie du savoir…la bureaucratie tient en sa possession l’état l’essence spirituelle de la société ; c’est sa propriété privée.
L’esprit général de la bureaucratie est le secret, le mystère : au dedans, c’est la hiérarchie qui préserve ce secret et, au dehors, c’est sa nature de corporation fermée.
Aussi la bureaucratie ressent-elle toute manifestation de l’esprit politique ou du sens politique comme une trahison de son mystère. C’est pourquoi l’autorité est le principe de son savoir, l’idolâtrie de l’autorité sa mentalité. Mais à l’intérieur de la bureaucratie, le spiritualisme se métamorphose en grossier matérialisme, en obéissance passive, en culte de l’autorité, en mécanisme d’une pratique formelle et figée, de principes, de conceptions, de traditions fixes.
Quant au bureaucrate il fait du but de l’Etat son but privé ; c’et la curée des postes supérieurs, le carriérisme. D’abord la vie réelle est à ses yeux une vie matérielle ; car l’esprit de cette vie a son existence propre autonome, dans la bureaucratie.
L’existence de l’Etat se confond avec celle immuable des divers bureaux liés entre eux par la subordination et l’obéissance passive. La science véritable apparait dépourvue de contenu, la vie réelle semble morte, car cette science et cette vie imaginaire passent pour essentielles.
Intérêt général et privé pouvoir naturel de l’arbitraire et égalité des chances d’accès à la fonction publique. Etat et société civile deux armées ennemies avec ses déserteurs.
Société politique et société civile : Chaque citoyen peut y accéder au hasard d’un examen ; lien objectif entre le savoir de la société civile et le savoir de l’Etat. Vient ensuite pour consacrer la fonction publique un nouvel élément du hasard l’accession au rang d’homme politique par la grâce du Prince.
Examen et élection sont les facteurs objectif et subjectif de l’aliénation politique du citoyen : deux êtres, le fonctionnaire et l’homme se débattent dans le même individu sans jamais arriver à s’entendre.