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Mondialisation, développement et syndicalisme

· La stratégie du grain de sable

- La flexibilité, la précarité et le chômage ne sont pas des accidents mais le mode de fonctionnement actuel de l’économie mondiale. Ces facteurs qui sont en œuvre à travers le monde depuis deux décennies ont pour finalité d’asseoir la puissance non plus des Etats mais de sociétés transnationales. Cette concentration de la richesse et du pouvoir qui s’exprime par les fusion-acquisitions, s’exerce par la stratégie du grain de sable à l’égard du travail. En broyant une roche elle devient sable et le sable s’écoule comme un fluide. En devenant sable la roche a perdu le lien qui unissait chaque grain aux autres.

- La flexibilité c’est la roche redevenue sable et par conséquent la prééminence de l’individu sur la collectivité ; c’est la logique de la démocratie appliquée aux relations entre travail et capital. Ou encore des droits de l’Homme sans droits économiques et sociaux. Le mécanisme est amplifié par l’informatique et les nouvelles technologies qui bouleversent l’organisation verticale taylorienne par une organisation horizontale. La réussite est individuelle, dans la compétition avec des chances inégales. « L’échec » qui s’exprime dans le chômage ou l’absence de promotion sociale ne peut être qu’individuel si ce n’est volontaire.

- Les enjeux et les moyens mis en œuvre par la mondialisation et l’économie de marché ne permettent pas des comportements romantiques ou des combats idéologiques sans actions concrètes. Ces comportements sont, d’ailleurs, l’objet d’une facile récupération. En effet, dans un environnement de chômage et de récession, ils n’ont aucun effet sur les travailleurs qui voient disparaître leur emploi ou qui ont la chance d’en avoir un, ainsi que sur l’entreprise qui n’a investit que parce qu’elle à déjà réduit les incertitudes en matière de salaires et de normes de travail.

- En réponse à la stratégie du grain de sable, le comportement syndical menacé d’émiettement doit préférer les stratégies liant à la fois salaires et préservation et expansion de l’emploi, conditions nécessaires au développement parallèle de sa taille. En l’absence de tout autre alternative à l’appropriation privée des moyens de production et de partenariat étranger, le syndicalisme doit s’adapter aux nouvelles formes de prises de décisions dans l’entreprise dont la production est soumise en permanence à des règles de rentabilité qui ne s’arrêtent pas à son espace national. Le syndicalisme doit comprendre que son pouvoir sur le marché est lié au développement de l’emploi donc des entreprises mais que la nouvelle économie du travail, par la flexibilité, combat sans cesse son pouvoir sur le marché.

- Ce défi s’adresse d’ailleurs à toute la société qui se voit confronter, sur le plan économique, à une dépossession progressive de ses décisions d’investir et de produire. Il est loin le temps où investir était un simple achat d’équipements. Investir c’est d’abord acquérir concrètement le droit de produire et de vendre un bien pour un marché ouvert à la concurrence pour tous les autres produits. Un investisseur national peut-il se « lancer » dans le créneau détergent sans « s’associer » à une multinationale. Dans la quasi totalité des cas, l’investissement résulte d’un partenariat ou d’une intervention directe étrangère. La rentabilité dans une économie ouverte en est la cause directe. Le refuser c’est rester encore plus dépendant.

· Pluralisme syndical : ses conséquences sur le pouvoir de négociations.

Le développement de l’emploi s’inscrit dans une nouvelle stratégie d’organisation du travail qui fractionne et hétérogénéise les intérêts des travailleurs à un point tel que dire : « travailleurs unissez vous » n’a plus aucun sens. En d’autre termes, tout syndicat doit viser deux objectifs principaux : améliorer, par sa taille, un pouvoir stratégique sur le marché par le développement de l’emploi tout en prenant en compte la segmentation(voir mes articles précédents) du nouveau monde du travail.

Cette approche ne saurait occulter le débat politique sur les choix sociaux proposés. Le pluripartisme politique n’est pas une affaire d’accession au pouvoir. Il est la reconnaissance de la diversité des intérêts économiques en jeu. La clarification de l’idéologie politique qui anime le syndicalisme est le meilleur moyen de renforcer son audience et sa représentativité. Cette exigence permettra de savoir pour quels intérêts de classe militent ceux qui prétendent à la concurrencer. Pour ce faire, il se doit d’ancrer son idéologie dans celle qui lui a donné naissance, et les progrès sociaux qu’elle a contribué à concrétiser. Une telle affirmation doit permettre de faire une ligne de partage avec les mouvements qui cachent leur idéologie et leurs alliances sociales sous des apparences de revendications catégorielles.L’une des autres réponses susceptibles d’assurer la compatibilité d’objectif entre les adhérents et la direction, est dans un syndicat fort et responsable qui prennent en compte à la fois l’emploi et les salaires et qui veille au progrès social de tous les travailleurs.Les conditions de réalisation de cet objectif impliquent une approche scientifique de la détermination des salaires un suivi de leur évolution une connaissance de son pouvoir de marchandage qui s’exprime dans les capacités de résistance à la situation. Il implique aussi une juste appréciation de la répartition du revenu national, ainsi qu’une approche d’équité dans les sacrifices à consentir.

· Les négociations salariales et sur l’emploi deviennent un enjeu idéologique

Le syndicat permet à chaque individu de bénéficier d’un pouvoir de marchandage. L’emploi et les salaires sont le point d’appui de ce pouvoir et la mesure de la représentativité et de la crédibilité syndicale. En second lieu, la négociation salariale doit toujours être menée en liaison avec l’emploi si le syndicat ne veut pas prendre le risque du sous emploi et de se couper des non-salariés, chômeurs et de l’emploi informel

Le principe de l’existence d’un mouvement syndical et de l’intérêt de l’action collective seront confrontés, à l’avenir, au développement du secteur informel et à celui de la PME /PMI. L’intérêt de l’action collective sera directement lié au gain retiré par chacun grâce au pouvoir du syndicat sur le marché, de ses capacités de marchandage. Le pluralisme syndical est porteur de revendications dont les motivations seront la recherche de la représentativité. L’audience syndicale est liée à l’effort de syndicalisation, c’est à dire au pourcentage de travailleurs qui s’acquittent de leurs cotisations. Si ce critère n’est pas suffisant pour fonder l’audience syndicale il demeure néanmoins un geste indispensable à l’existence d’un syndicat. L’audience c’est aussi la capacité à exprimer des aspirations, l’aptitude à conduire des revendications et à négocier.

Le pluralisme syndical risque de plus en plus de se confondre avec le pluralisme idéologique. Il en résulte deux types de comportement syndical. Celui qui met l’accent sur l’intérêt du dialogue et de la négociation d’un coté ; celui qui privilégie les conflits comme facteur de transformations sociales. L’audience syndicale doit se bâtir, dans le cadre du pluralisme syndical et idéologiquement, dans la continuité de ses principes fondateurs et la recherche permanente de l’unité qui ne saurait es confondre avec l’exclusivité.

C’est dans sa taille, son audience et la clarté de son idéologie sont les facteurs essentiels de sa représentativité aux yeux de l’Etat, des employeurs et des partis politiques

Tag(s) : #algérie
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